Ecrire les mots « business plan » dans la recherche de Google fournit 457 millions de résultats en cinq centièmes de seconde. Existe-t-il vraiment plusieurs centaines de millions de plans utiles aux Pme ? Retour à la case départ. Le business plan ou plan d’affaires est quasiment une norme internationale : résumé du projet, étude du marché, marketing, concurrence, moyens techniques et humains, organisation juridique, risques, etc.
Plus une partie financière qui est la plus complexe : plan de financement (pour une création d’entreprise), trois années de prévisions incluant comptes de résultat et bilans, prévisions mensuelles de trésorerie et seuil de rentabilité pour la première année. C’est le minimum requis.
Cette « norme » de business plan est aussi une demande unanime des banques françaises. Tous nos établissements bancaires (Oseo, BNP, Générale, Crédit Agricole, …) présentent cette demande aux créateurs et aux dirigeants de PME dans leur site web.
Présenter un « beau dossier » à son banquier est nécessaire.
Mais c’est parfois décevant : accompagner un patron de petite entreprise chez son banquier (en fait, l’agence du quartier) lors de la présentation du projet de création ou de développement peut se transformer en épreuve. D’après nos expériences, près un employé de banque sur deux ou trois ne sait pas réellement ce qu’est un plan d’affaires et ne sait pas retraiter un bilan fiscal.
La négociation avec les établissements financiers n’est, toutefois, pas la principale utilité du business plan.
A la fin de l’effort d’élaboration de son plan, l’entreprise dispose d’un formidable outil de gestion et de prise de décisions : elle peut, à l’infini, jouer à « what if ».
Que se passe-t-il … si les clients paient à 65 jours, si on investit, si on crée des emplois, s’il faut baisser nos prix de 5 %, si les fournisseurs veulent être payés à 45 jours, si on augmente les salaires de 3%, ... etc.
Le jeu des simulations différentes permet d’éliminer les décisions néfastes, de délimiter les « zones interdites », de définir les leviers d’action, la meilleure combinaison de décisions et, finalement, d’optimiser la stratégie.
Parmi les 457 millions de plans trouvés par Google, certains (nous n’avons pas évalué le nombre exact) proposent 10 calculs : « vous achetez un produit 10 euros, votre prix de vente est 20, vous vendez 100 produits, l’URSSAF coûte 2000, vous êtes mort ! »
D’autres ne sont que des « conseils » de bon sens : « pour créer une entreprise, mon conseil est d’être riche plutôt que pauvre » (nous l’avons lu !).
D’autres encore ne sont que des publicités déguisées ou des arnaques. Par exemple : « votre plan va vous montrer comment vous deviendrez trop riche en devenant mon franchisé ».
On trouve aussi les plans de papier : « tous les calculs nécessaires figurent dans les 8 pages en format pdf ».
Parmi les plus dangereux, il faut citer les plans « one shot » : « Avec notre plan gratuit, vous pourrez faire vous-même UN business plan ». Pour la deuxième simulation, il faut payer encore. Faut-il se ruiner pour aboutir à la meilleure stratégie ?
Mais le pire de tout ce que le web renvoie est constitué par les plans « en pièces détachées ». Tout y est : le plan de financement initial, le compte de résultat, le bilan après 1 an d’activité, et même le besoin en fonds de roulement (qui semble être LE signe de l’expertise de l’auteur).
Malheureusement, les pièces détachées ne sont pas, ou sont mal, connectées entre elles :
Conclusion
Il y a peut être plus important encore :
D’année en année, de conjoncture défavorable en crise, le bilan se couvre de plaies et garde toutes les cicatrices. Jusqu’à donner l’image fidèle d’une entreprise que plus personne ne veut soutenir.
Sans caricaturer, on pourrait dire qu’une Pme vit dans son compte de résultat et meurt par son bilan.
C’est ici que le travail d’élaboration d’un business plan constitue une dépense particulièrement rentable : c’est un merveilleux outil pour VOIR, pour apprendre l’interdépendance entre toutes les décisions, entre tous les éléments « en euros » de l’entreprise, entre les ventes, les délais de paiement, les créances, le besoin en fonds de roulement, le haut du bilan, la trésorerie, le découvert en banque, …
Entre la-belle-machine-si-productive, l’emprunt qui finance mal, la trésorerie qui fiche le camp (foutue TVA !), l’amortissement toujours fiscal (encore une charge, bonsoir !) …
Etc. Etc.
Investissez dans votre business plan. Ne cherchez plus « business plan Excel gratuit » dans votre moteur de recherche.