Eléonore ATTALIPour certains, c'était déjà compliqué d'intégrer tout le vocabulaire du développement durable: bio, équitable, recyclé, recyclable, biodégradable, etc... mais voilà que pour chacune de ses terminologies, plusieurs labels se revendiquent comme système de garantie. Passons sur les nombreux débats que suscite le mot label (officiel, pas officiel, public, privé) pour pointer les différences d'interprétation qui existent entre les labels et comment on peut vite se perdre au point d'avoir envie de tous les jeter dans la même poubelle (et oui, sans même les trier ;-)


Il y a les labels qui ont une approche «produit» et ceux intègrent l'ensemble de la chaîne de production. L'exemple du commerce équitable est assez flagrant sur ce point. Le label Max Havelaar (FairTrade de son nom international) se concentre sur l'amélioration des conditions de vie des producteurs de matières premières agricoles. En revanche, le label n'offre pas de garantie sur la transformation, le transport ou l'emballage des produits contrairement au label ESR ou « Ecocert Equitable » dont les critères sociaux, économiques et environnementaux sont contrôlés tout au long de la filière. Ce label ajoute aussi à la dimension équitable une garantie «agriculture biologique». Cette démarche s'inscrit logiquement dans une prise en compte globale de l’Homme et de son environnement, mais laisse de côté les producteurs les plus pauvres. Ceux-ci ne peuvent en effet pas toujours amortir les coûts de la production bio, alors qu'ils étaient justement le leitmotiv de départ du commerce équitable.

Dans la même logique, il y a les labels qui se concentrent sur un aspect particulier des problématiques de leur secteur et ceux qui tentent d'en prendre en compte la globalité. Le label FSC dans le domaine du bois est soutenu par de nombreuses associations de protection de l'environnement, car sa démarche de gestion responsable des forêts et des plantations intègre, en plus du versant écologique, les besoins sociaux-économiques des populations locales. L'autre label connu du secteur, le label PEFC se concentre lui sur l'exploitation forestière et satisfait à ce titre nombre d'exploitants forestiers et d'industriels du secteur qui le trouve plus adapté au territoire européen, notamment car il s'appuie sur un engagement à moyen terme quand le label FSC demande une pratique déjà concrétisée.

On retrouve cette dichotomie d'exigence de qualité et d'engagement chez les labels de l'agriculture biologique. Le label  franco-français AB (Agriculture biologique) a diminué ses standards pour être en conformité avec la nouvelle règlementation européenne mise en place en 2010, faisant par exemple passer le taux de contamination aux OGM toléré dans certains domaines de 0,1 à 0,9%. Le nouveau logo européen «Agriculture biologique Europe» (une feuille dessinée à partir d'étoiles sur un drapeau vert) est d'ailleurs maintenant systématiquement apposé à côté des logos nationaux. Le label Nature et Progrès a lui un cahier des charges beaucoup plus exigeant en terme d'agriculture biologique qui intègre en plus une charte prenant en compte les aspects environnementaux, sociaux et économiques. Il est donc beaucoup plus difficile à obtenir que le label AB. Ce dernier est ainsi plus en adéquation avec les exigences de quantité de la grande distribution qui représente encore la majorité des achats en France.

Enfin, il y a ceux qui ne sont pas clairs ou qui portent à confusion. Le secteur de la gestion des déchets est assez symptomatique à ce propos. Le fameux «anneau de Möbius» (ou ruban de Möebius) apposé seul indique un produit recyclable, mais si un pourcentage figure au centre, il indique alors un produit recyclé (le pourcentage précise la part du produit qui provient du recyclage). Évidemment, un produit recyclé n'est pas forcément recyclable et vice-versa, une nuance de taille pour l'environnement. De même, le fameux Point vert présent sur nombre d'emballages indique que l'entreprise cotise à un système global de tri, pas que cet emballage est recyclable ni même recyclé.

Profitant de cette abondance de visions et de divergences, certains en profitent pour se faire passer pour des labels, alors même qu'ils n'ont ni cahier des charges, ni contrôle indépendant. Alors comment ne pas s'arracher les cheveux ou pire jeter l'éponge sur tous ces systèmes de certifications?

Mon conseil: bien vous entourer et bien vous informer. Testez la rigueur et la transparence de vos prestataires en leur demandant les détails des certifications qu'ils vous vendent. Vous verrez que parfois on vous vend du bio à un prix défiant toute concurrence et pour cause, aucune certification ne vous le garantit. Enfin, Internet est une merveilleuse source d'information qui ne manque pas d'épingler les limites et manquements des systèmes de garantie, même si parfois certains attisent des débats sans fin en oubliant qu'un petit pas vers un développement durable, c'est déjà une avancée vers des pratiques plus respectueuses des Homme et de la Nature.

Source: Ademe, Novethic, Eco-sapiens.

 

Arbres à Bulles

Eléonore ATTALI
Objets Communication Durable

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