Antonella VILAND

 


La crise passe mais les licenciements vont toujours bon train. Les salariés sont de plus en plus souvent confrontés aux rouages économiques et sociaux et bon nombre d’entre nous ont été (ou seront) remerciés. Les plus chanceux seront sollicités par leur employeur pour un plan de départ volontaire : comprenez bien ici que votre entreprise doit réduire ses effectifs pour perdurer et ou répondre à ses objectifs de rentabilité.

 

 


Face à cette situation et aux difficultés de retour à l’emploi, certains décideront de saisir cette occasion pour entreprendre. Après tout, qui n’a pas entendu parler des « aides à la création ou reprise d’entreprise pour les chômeurs créateurs d’entreprises » ? Alors pourquoi pas vous ?

 

Ce que vous avez sans doute retenu

 

Il existe en effet de nombreux dispositifs facilitant l’entrepreneuriat en France. Citons les plus connus : l’ACCRE, l’exonération de charges sociales pour le chômeur créateur ou repreneur d’entreprise, et son collatéral l’ARCE de Pôle Emploi, le maintien de l’indemnisation chômage ou versement en capital.


Il existe des solutions pour tester un projet ou une activité : les coopératives d’activité, le portage salarial, le statut d’auto-entrepreneur s’y prêtent souvent (mais pas toujours et pour en décider il vous faudra prendre en compte plusieurs paramètres comme le secteur, votre situation sociale, les contraintes réglementaires, les barrières à l’entrée, les investissements minimaux…)

Ce que vous devez savoir avant d’aller plus loin : (l’envers du décor)

 

Les aides existantes et les solutions de test de projet ne rendent pas l’entrepreneuriat plus facile mais seulement la décision d’entreprendre plus commune.

Les aides et solutions vous permettront uniquement d’amorcer une activité : le développement long terme de votre activité repose sur vous ! et bien sûr sur votre analyse du marché, votre offre de produit ou service, votre démarche commerciale et marketing, votre capacité à adapter vos idées à l’évolution du marché, votre capacité à négocier, à bien acheter, votre anticipation économique, vos choix en matière de montage juridique, …

Créer son entreprise avec 1 Euro n’a jamais été et n’est pas possible : ne confondez pas battage médiatique pour favoriser l’entrepreneuriat et réalité économique.

Le développement d’une activité ne doit pas être un choix par défaut.

 

Les questions que vous devez vous poser avant tout

 

  • Etes-vous 100% disponible pour entreprendre ? Un litige avec votre ex-employeur par exemple peut entraver votre capacité à entreprendre.
  • Avez-vous le tempérament d’un entrepreneur ? (Capacité d’innovation, Curiosité, Force de travail, Pro-activité, Sens de l’Anticipation, Goût du défi, moral d’acier)
  • Avez-vous le bon entourage ? (Ne négligez pas le facteur familial : temps consacré à chacun, investissement, risque, déplacement, image, résistance… )
  • Avez-vous des compétences techniques, humaines et commerciales suffisantes ? (le dirigeant est le 1er commercial de l’entreprise)
  • Avez-vous une idée du projet à développer ?
  • Avez-vous réuni une capacité financière d’investissement réaliste ? (comptez un euro apporté par vous et vos associés pour un euro prêté par un organisme extérieur)

 

Alors comment mettre toutes les chances de votre côté ?

 

Avant tout, faire preuve de lucidité sur vous-même : le bilan de compétence est souvent une étape nécessaire et votre employeur peut vous aider dans ce sens.


Vous fixer des objectifs clairs (rémunération, mode de vie) car nul ne peut étudier la faisabilité d’un projet si vous n’êtes pas précis dans vos attentes : telle activité pourra satisfaire votre voisin qui n’en attend que confort de vie et rémunération minimale … alors que pour vous la donne est différente !

Ensuite s’informer car « nul n’est sensé ignoré la loi » et « un entrepreneur averti en vaut deux ».

Exploiter les aides à l’évaluation de projet que propose les chambres de commerce ou d’artisanat, Pôle Emploi ou d’autres … pour poser un diagnostic sur votre idée avant de décider ou non d’aller plus loin.

Mobiliser votre employeur pendant votre période de licenciement : le DIF, droit individuel à la formation acquis par tous les salariés à raison de 20h par an, vous permet de financer une formation technique ou une formation à l’entrepreneuriat jusqu’à 120h. Toutefois, pensez à négocier cette prise en charge avant votre départ car elle sera meilleure à ce moment-là. Certains employeurs déploient également une politique favorisant l’entrepreneuriat à plus grande échelle (prêt, subvention, … ) : mettez de côté vos tabous et renseignez-vous ! Voilà le 1er défi du futur entrepreneur.

Ne faites pas d’amalgame entre vitesse et précipitation. Monter un projet solide en moins de 3 mois est presque mission impossible. Comptez entre 3 et 12 mois de travail intensif selon le secteur, les contraintes …

Ne confondez pas soutien / formation / conseil et assistance : un entrepreneur qui réussit maîtrise son projet et ne délègue pas la réflexion s’y rapportant à un prestataire extérieur, sous prétexte qu’il ne maitrise pas les chiffres par exemple. Prendre le temps de vous former pour franchir le cap séparant le salariat de l’entrepreneuriat armé, outillé et éclairé… est INDISPENSABLE.

N’hésitez pas à vous entourer de plusieurs avis professionnels car « Ceux qui […] auraient le plus besoin de conseil, sont aussi ceux qui y font le moins appel. Près de la moitié des créateurs et repreneurs n'ont pas sollicité de conseil et le chiffre de ceux qui ont sollicité au moins 5 heures est constant. Quels que soient les items, il est de l'ordre de 23%. » (source APCE). Ici on ne parle pas simplement de conseil – information mais de véritables prestations de conseil – expertise.

Préférez entreprendre dans un projet qui a de l’avenir ! autrement dit, mieux vaut « parfois » s’entourer d’investisseurs et posséder 75% d’une entreprise qui marche, plutôt que 100% d’une autre condamnée à vivoter, faute de moyens… Les mécanismes de réduction d’impôt pour les particuliers investissant dans une société non côtée sont incitatifs : à vous de jouer pour séduire vos futurs associés !

Restez prudent sur vos estimations : bien trop souvent sur 3 promesses d’achat, une seule se concrétise…

Vous l’avez bien compris : avant de s’élancer dans un marathon, un entrainement physique s’impose.
De même, pour entreprendre mais aussi réussir : une sérieuse préparation est plus que recommandé !

 

Antonella VILANDAntonella VILAND
Gérante du centre d’accompagnement et de formation des entrepreneurs
www.Macreationdentreprise.fr