Jennifer KUHN

 

J'ai toujours entendu dire qu'en France, il était très compliqué de travailler à son compte et de monter son entreprise. Il semblerait que les pouvoirs publics aient corrigé le tir en créant des dispositifs qui simplifient largement les démarches et formalités à accomplir : de quoi faire bouger l'entrepreneuriat, ce qui est plutôt une bonne nouvelle !

 

 

 


En effet, avec les nouveaux dispositifs favorisant la création d'entreprise (statut d'auto entrepreneur, formalités simplifiées, CESU, …), le profil-type de l'auto entrepreneur a changé. En effet, ce qui semblait auparavant réservé à une élite est aujourd'hui beaucoup plus accessible, y compris aux plus jeunes. Il y a encore 4 ans, l'entrepreneur-type avait une cinquantaine d'années et donc déjà une solide expérience derrière lui. Aujourd'hui, et notamment depuis que le statut d'auto entrepreneur existe, la moyenne d'âge a baissé à 40 ans et la part des hommes créateurs d'entreprise n'est « plus que » de 66%.

 

Faut-il beaucoup de moyens pour créer son activité aujourd'hui ?

 

Cela dépend bien sûr de l'activité qu'on souhaite entreprendre. La plupart des créations d'entreprise demande un investissement non négligeable, mais il est également possible de démarrer avec presque rien. De plus, il est aujourd'hui possible d'ouvrir une société avec 1 euro de capital social. Et pour faire bonne figure auprès de ses clients et éviter de présenter une entreprise avec un capital social de 1 euro, il est également possible d'avoir un capital social de 5000 euros par exemple, mais de le payer sur plusieurs années (5 ans maximum) : une bonne façon d' étaler ses dépenses dans le temps et de donner une image crédible dès le départ à ses clients. Pour ma part, j'ai monté mon entreprise avec à peine plus de 1000 euros.

 

Les nouveaux créateurs sont-ils bien accompagnés dans leurs démarches ?

 

Tout dépend de leur côté pro actif ! Si on reste dans son coin, personne ne viendra vous dire ce que vous avez à faire. Par contre, si on a envie de se faire accompagner, de nombreux interlocuteurs existent. Pour ma part, j'ai été suivie par la CCI de Dijon.

Durant un mois, je me rendais plusieurs fois par semaine à différents ateliers sur l'étude de marché, les formalités, les comptes prévisionnels... Cela permet non seulement d'obtenir de l'information mais également d'échanger avec des professionnels et des créateurs d'entreprise.

J'ai également bénéficié de plusieurs rendez-vous individuels qui m'ont guidée de façon très concrète et qui m'ont aidé à prendre les bonnes décisions et surtout à éviter certains pièges ! Le gros avantage, c'est qu'à Dijon, tout cet accompagnement est totalement gratuit et l'équipe de la CCI est très dynamique, ce qui est certainement également le cas de beaucoup d'autres structures d'accompagnement.

 

Le statut d'auto entrepreneur a-t-il réellement changé le paysage entrepreneurial ?

 

D'une certaine façon oui, puisque ce statut a permis à beaucoup de personnes qui ne se seraient pas lancées auparavant de créer leur activité. Le statut d'auto entrepreneur a en effet de nombreux avantages, tels que les formalités nettement simplifiées, le non-paiement de charges en cas d'absence de chiffre d'affaires, les cotisations sociales progressives si l'auto entrepreneur était auparavant demandeur d'emploi...

Cependant, il faut bien distinguer les auto entrepreneurs qui complètent leur activité salariale par le biais de ce dispositif de ceux qui se servent de ce statut pour réellement créer une activité, voire même pour embaucher par la suite. Car ce n'est pas très connu, mais l'auto entrepreneur peut tout à fait embaucher des salariés. Attention donc aux chiffres qui seront communiqués sur le nombre d'inscriptions en auto entrepreneurs : ils ne seront certainement pas révélateurs de ce qu'il se passe réellement sur le terrain.

 

Quelles sont les limites de ce statut ?

 

Le statut d'auto entrepreneur sert en fait essentiellement à tester une activité avant de créer une « vraie » société. Les principaux défauts de ce statut sont que le chiffre d'affaires est limité et que le taux d'imposition est calculé en fonction d'un abattement de charges forfaitaire, qui ne reflète donc pas toujours la réalité des charges réellement supportées par l'entrepreneur.

De plus, ce statut étant très facile à acquérir, certaines entreprises ont parfois eu de mauvaises surprises en travaillant avec des auto entrepreneurs qui avaient certainement pris leur statut à la légère et n'ont pas su gérer leur comptabilité. La conséquence est que j'ai eu pour ma part des difficultés à travailler avec certains fournisseurs qui n'avaient pas confiance car ils avaient déjà eu affaire à des auto entrepreneurs qui leur avaient laissé des factures impayées.

 

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