Guillaume BarbierLes entreprises vivent dans un monde en pleine mutation où actuellement les crises économiques prennent des proportions démesurées et n'épargnent personne. Les situations politiques, sociales, économiques, technologiques, changent en permanence et sont donc difficilement appréhendables par le décideur. De même les informations sont de plus en plus nombreuses, couvrant tous les domaines de la vie de l'entreprise, et elles circulent de plus en plus vite. L'ensemble des dirigeants d'entreprises se retrouvent alors face à des choix délicats, des questions décisives pour leurs entreprises. Comment être le mieux armé face à la crise? Comment sortir de la crise? Comment se démarquer par rapport aux concurrents? Comment rester compétitif ?

Depuis quelques années, les entreprises se tournent vers des outils d'intelligence économique et de veilles, termes qui sont de plus en plus courants dans le langage de l'économie et des affaires.

Avant tout il convient de bien maîtriser cette notion d'intelligence économique. Le rapport Martre de 1994 s'est chargé de définir ce qu'est l'intelligence économique. 

C'est un ensemble d'actions coordonnées de recherche, de traitement et de distribution (en vue de son exploitation), de l'information utile aux acteurs économiques. Ces actions sont menées avec toutes les garanties de protection nécessaires à la préservation du patrimoine de l'entreprise, dans les meilleures conditions de qualité, de délais et de coût.

Plus concrètement l’intelligence économique est un élément de gouvernance structuré autour de trois pôles complémentaires et interdépendants susceptibles de surmonter une crise :

  • un cadre défensif qui correspond à la sécurité de l’information,
  • un cadre offensif qui consiste à faire de la veille stratégique,
  • et enfin l’influence, le lobbying.

Cet ensemble permet de placer l’entreprise dans une posture à la fois défensive et offensive afin de la rendre plus performante et donc plus compétitive

Pour parfaitement maîtriser ces éléments il est utile de préciser que le volet défensif de l'intelligence économique va permettre aux dirigeants de se protéger et de détecter les éventuelles menaces susceptibles de nuire à l'entreprise. Il est en effet indispensable pour une entreprise qui veut être présente sur le marché, de connaître les risques qu’elle peut rencontrer dans son domaine d’activité. Ce rapport risque/prévention permettra, s’il est bien évalué, de saisir les opportunités de développement : créer de nouveaux produits, devenir plus performant, mieux vendre, et surtout d’obtenir un avantage compétitif. Cela étant le volet offensif de l'intelligence économique. Viendra ensuite des opérations d'influence afin de se faire connaître et de diffuser ses produits aux plus grands nombres.

Pour mettre en application les trois domaines de l'IE il est nécessaire de pratiquer des veilles dans plusieurs secteurs à savoir concurrentiel, marketing, commercial, technologique, ou bien encore environnemental.

La veille stratégique consiste en "l’observation et l’analyse de l’environnement scientifique, technique, technologique et économique de l’entreprise pour en détecter les menaces et saisir les opportunités de développement". Concrètement la veille va se traduire au sein de l'entreprise par la mise en place formalisée et organisée d'un système d'information visant la collecte, le traitement et la diffusion de l'information concernant l'environnement de l'entreprise, ceci de façon continue et dynamique. Cette tâche peut-être réalisée par le dirigeant lui-même ou bien être confiée à une personne spécialement dévouée à cette fonction.

Bien que la veille ait toujours existé (Sun Tzu écrivait au IIIème siècle  av J.C "Ceux qui ne connaissent pas le plan de leurs adversaires ne sont pas prêts pour la négociation.") ces procédés ne sont pour autant pas encore courant dans les PME françaises. Il existe plusieurs explications à cela.

En effet, dans la société française l'intelligence économique et la veille portent en elle un passé militaire et bien souvent on constate une regrettable confusion entre l'IE à l'espionnage industriel. Cela bloque un bon nombre de dirigeants réticents à l'utilisation de telles pratiques. Néanmoins l'activité de veille est aujourd'hui parfaitement encadrée et légale et est de plus en plus présente dans la stratégie de nombreuses entreprises. Il ne s'agit plus d'espionner mais d’observer l’environnement économique dans un cadre légal.µ

Une étude réalisée en 2002 a pu prouver que les mentalités changeaient et que la pratique de l'intelligence économique au sein des PME était en constante évolution. L'étude a voulu montrer l'impact de la mise en place d'un service Intelligence Economique au sein de l'entreprise. Les résultats ont été parlant : dans plus de 75 % des cas ayant répondu au test, les décideurs avaient considéré qu'un tel service facilitait la prise de décision stratégique. La veille doit être considérée comme un véritable avantage concurrentiel, un important facteur de réussite.

Mais pour les entreprises en grandes difficultés et menacées, la veille peut représenter une dernière chance de survie.

Il existe aujourd'hui de nombreuses opportunités pour permettre aux dirigeants de se tourner vers l'intelligence économique et de mettre en œuvre de telles démarches. Des organismes publics comme les Chambre de Commerce et de l'Industries ou bien les CGPME organisent des accompagnements auprès des PME désireuses de se former à l'intelligence économique grâce à des journées spécialisées avec des professionnelles du milieu.

Pour conclure il est intéressant de citer une devise de Napoléon Bonaparte qui résume à elle seule l'utilité de l'intelligence économique dans le monde économique actuel "Se faire battre est excusable, se faire surprendre est impardonnable ! "...

Guillaume BarbierGuillaume BARBIER
Spécialiste en Intelligence Economique
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