Alain GoetzmannVaste sujet ! Pourquoi le management dans les TPE/PME ? Et, pourquoi pas ? Dès lors qu’une entreprise compte au moins un salarié, son patron est un Manager et doit se comporter comme tel. Manager vient du Latin « manus » : la main ; celle qui tient l’épée, la barre, les rênes d’un cheval. Alors, boulanger, plombier, garagiste ou maçon, exerceront probablement leur métier sans formation particulière au management. Mais, comme ils travaillent avec conscience, dans le souci du service au client et qu’ils emploient des salariés, ils sont, naturellement, « Manager ».


Etre chef d’entreprise aujourd’hui apparaît à beaucoup comme un véritable sacerdoce. D’ailleurs, nombre d’artisans et de petits commerçants, qui auraient la capacité de développer de belles PME, s’y refusent compte tenu des contraintes liées à la gestion du personnel.

Il est vrai que dans notre pays, sans doute plus qu’ailleurs, la législation, la règlementation et la jurisprudence ont rendu les rapports sociaux, même individuels, souvent difficiles. Elles créent, pour le chef d’entreprise, un sentiment d’insécurité par l’aspect indissoluble du contrat de travail au point que de plus en plus d’employeurs potentiels refusent d’embaucher, contribuant ainsi, involontairement, au déclin du pays.

Pourtant, l’économie française bénéficie d’une des mains d’œuvre les plus productives du monde. Que faire alors pour développer des entreprises malgré ces freins ? Passer outre, se lancer malgré tout dans le développement de son entreprise si elle répond à un besoin consommateur et ignorer les obstacles. C’est le jeu économique ; on doit en respecter les règles. Pour atténuer au moins un peu les risques sociaux, je propose d’appliquer quatre règles de management très simples, parfaitement adaptées aux petites entreprises et qui, en général créent une ambiance de travail propice au dialogue et au consensus :

1. Il n’y a pas plusieurs façons d’influencer les autres, il n’y en a qu’une : l’exemple.

Une entreprise qui a du succès est dirigée par un homme qui fait ce qu’il dit et qui exige de lui-même les mêmes efforts que ceux qu’il exige des autres.

2. Une stratégie lisible

Rien de complexe ; des mots simples pour définir son but, le faire partager à ses collaborateurs et mettre méthodiquement en œuvre les moyens d’y parvenir. Vouloir être celui qui fabrique le meilleur pain dans un rayon de 30 kilomètres en s’en donnant les moyens constitue une stratégie simple qui est, de plus, porteuse d’expansion. Les employés comprendront parfaitement l’objectif poursuivi, y contribueront, s’en feront les porte-paroles auprès de la clientèle et s’impliqueront dans sa réussite.

3. L’organisation

Foin d’organisation matricielle ou d’organigramme complexe. Un agenda tenu méticuleusement, des notes classées sous forme de fiches pour maintenir les standards définis pour les produits que l’on fait ou les services que l’on rend constituent la base d’une organisation. Jusqu’à 10 personnes, c’est amplement suffisant. Dans ce domaine également, les salariés, guidés clairement, auront à cœur de se conformer aux exigences des calendriers et aux « recettes » de l’entreprise.

4. Des comptes bien tenus

Aucun manager ne peut revendiquer ce titre s’il se méfie des chiffres. Les dates et les chiffres sont l’alpha et l’omega d’un bon fonctionnement d’entreprise. Ce n’est pas tant l’aspect légal qui compte mais la possibilité d’évaluer en permanence la pertinence économique du travail accompli. Le marché d’une entreprise est fluctuant, les clients veulent du neuf ; comment le leur proposer sans être en mesure d’évaluer les composantes de son offre et son impact sur le résultat final ?  

Diriger une entreprise, conduire des hommes est une tâche exaltante ; c’est la liberté ; liberté d’entreprendre et liberté d’être son propre patron. Ce n’est pas rien dans la vie trépidante qui est la nôtre. Mais la contrepartie de cette liberté, c’est l’acceptation d’un devoir : devoir d’exemple, devoir de comportement, devoir de rigueur.

Les prémisses du Management sont contenues dans ces attitudes. Pour certains, le management est un art, pour d’autres une discipline. Pour moi, c’est un art qu’on ne peut exercer qu’avec discipline, quelle que soit la taille de l’entreprise.

Jaurès, qu’on ne peut soupçonner de libéralisme sauvage écrivait, au début du siècle dernier : "Il n’y a de classe dirigeante que courageuse. Dirige celui qui risque ce que les dirigés ne veulent pas risquer. Est respecté celui qui, volontairement, accomplit pour les autres les actes difficiles ou dangereux. Est un chef celui qui procure aux autres Ia sécurité, en prenant pour soi les dangers. Le courage pour l’entrepreneur, c’est l’esprit de l’entreprise et le refus de recourir à l’Etat; pour le technicien, c’est le refus de transiger avec la qualité; pour le directeur du personnel ou le directeur d’usine, c’est, dans la maison, la défense de l’autorité et avec elle, celle de la discipline et de l’ordre".

Le Management dans les TPE/PME, c’est, en pratiquant la rigueur quotidienne dans ses actes les plus anodins, l’art de créer les conditions qui favoriseront leur croissance.

Alain GoetzmannAlain Goetzmann,
Delta Inter Management Corporate Finance,
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