Bernard ORTEGA

Le propre du conflit, c’est qu’il est contagieux. Si le manager y succombe, il devient lui-même colérique et violent. S’il le refuse, il le laisse se développer et gangréner tout le corps de l’entreprise, et la limite peut être atteinte. Nous réalisons que l’équilibre, une fois de plus, se trouve entre les deux. Pour le manager cet équilibre ne peut être atteint, sans avoir, au préalable, réaliser un travail sur lui.

Le conflit, par nature, est déclenchée par une saturation (quelle qu’en soit la nature) dans les rapports humains. La pression incessante, liée à la performance exigée n’est pas étrangère à ce virus. Le manager d’aujourd’hui est dans l’obligation d’ouvrir son terrain de compétence technique à une dimension ouverte sur la compréhension de la nature humaine, et qui commencera par lui.

La « sur-énergie » du monde, développe un maximum d’électricité dans l’atmosphère. C’est le premier constat qu’il faut réaliser, et celui qui balaierait cette vérité d’un haussement de sourcil, n’a pas beaucoup d’expérience sur la réalité d’un « climat » et de ce qu’il produit. Climat social, climat économique, climat d’insécurité et de méfiance ; ce sont ses climats (qui n’ont pas de forme matérielle) qui vont charger les êtres de « ions » positifs à l’extrême. Ceux et celles qui en sont déjà excessivement chargés, de par leur caractère et les conflits personnels qu’ils vivent en privé, vont être les premiers touchés. Et, bien vite, voudront décharger ce trop plein sur quelqu’un d’autre. Si nous multiplions ces individus (qui vont créer une foule), on peut imaginer sans peine le paroxysme de violence qu’il atteindra.

Pour revenir au travail du manager, il paraît vital qu’il doit développer une grande maîtrise de soi, face à ces feux dévastateurs.

Lorsque j’évoque le guerrier samouraï qui devait être particulièrement calme avant de développer son art du combat, les guerriers économiques de notre continent, se doivent aux mêmes règles, même si les exercices ne seront pas identiques. Ce qui devra l’être pourtant, ce sera bien cet entraînement à développer un esprit calme avec des exercices appropriés. Devant un monde hostile et saturé les managers n’ont pas d’autre choix, que de développer cette conscience, de créer des espaces de recul, d’exercices de respiration, de comportement, de simulations, qui les mettront dans des conditions optimum pour les moments de crise et de conflits, qui apparaîtront fatalement.

Il n’est plus à prouver que les techniques des arts martiaux asiatiques, des lamas tibétains, des acteurs, du comportemental, développent les qualités à manager les hommes. Lorsque le manager se dérobe à ce type de travail, sous prétexte d’un emploi du temps redoutable, ce seront d’autres moments redoutables  qu’il subira, voir provoquera.

Il est bien temps, en 2011, de comprendre que pour gérer les hommes et femmes de son entreprise une nouvelle conscience doit apparaître, une distanciation, une ouverture qui n’était pas de mise dans le monde économique d’hier. Les stratégies pour augmenter les marges et les quotas ne sont pas suffisantes pour conduire les hommes qui doivent s’y atteler.

L’entreprise « humaine » est liée au monde économique. Et le fait d’y être liée montre qu’elle ne peut s’en détacher. Si les hommes et femmes du monde économique sont saturés, stressés à l’extrême, le monde économique et ses attentes de résultats s’écrouleront peu à peu. Il y a donc urgence de conduire les managers à se manager d’abord eux-mêmes. Les sociétés de conseil n’évoqueront pas seulement : le manager face aux conflits, le manager face à la crise, le manager face au défi mondial, mais surtout…le manager face à lui-même.

Certes les impératifs des quotas, les marges bénéficiaires sont omniprésents de nos jours. Mais, si la compétitivité ouvre le champ à la manipulation, à l’amoralité et à l’agressivité, c’est une véritable dérive identitaire que nous sommes en train de développer. Et, par là même les conflits externes, et internes par interdépendance. Lorsque nous entrons en guerre, la tension est totale.  Les hommes et les femmes qui la font ou la subissent (c’est toujours les deux) sont obligatoirement désarmés psychologiquement. Même si l’histoire veut nous prouver le contraire, la nature humaine n’est pas naturellement préparée à la guerre.

Nous pouvons prendre comme exemple les jeunes soldats de notre ère, bardés d’armes extrêmement sophistiquées, qui paniquent devant le premier choc frontal et ceux qui suivent. Les désastres psychologiques et de comportement sont patents pour nos brillants et pauvres guerriers. Dans le décor de la guerre économique, et face à ses conflits les guerriers (hommes et femmes) sont entraînés à une compétence toute  intellectuelle et non au terrain marécageux qui la couvre.

Gérer les conflits de toute nature demande à se poser dans le calme de sa véritable nature. Ce n’est certes pas, en développant les rythmes effrénés que nous y parviendrons, mais, par l’équilibre constant de l’action et de la distanciation.

Pour cela, il faudra retrouver les exercices riches des comportements justes. Celui des moines qui mangent dans le silence, qui vont marcher afin d’animer sainement leurs corps, méditent puis travaillent avec un souci du détail qui donnent à leurs produits une finition tangible de qualité. « Qualité humaine du comportement marié à l’efficacité de l’action ».

Sans demeurer dans l’enceinte des monastères, nous pouvons prendre l’exemple d’une certaine sagesse qui ne serait pas contradictoire avec nos activités matérielles. Il n’est, toujours, que question d’équilibre.

Lorsqu’il est rompu la porte est ouverte à tous les conflits.

Les 5 étapes en amont d'une discussion conflictuelle

Conscient que la performance de son équipe repose sur leur sentiment de bien-être dans leur travail, le manager d'aujourd'hui veille à prévenir des conflits et, le cas échéant, les gérer rapidement et efficacement.

  1. Isolez-vous quelques minutes et respirer sur un rythme normal 21 fois - laissez venir et partir les pensées sans vous y attacher
  2. conservez votre esprit ainsi détendu et observez objectivement la nature du conflit
  3. prenez conscience que même si vous avez raison cela ne suffit pas pour convaincre vos interlocuteurs
  4. placez vous à la place de celui ou ceux que vous rencontrez. Imaginez ses réactions aux votres
  5. respirez tranquillement à nouveau
  6. imaginez factuellement les scénarii possibles
  7. remerciez-vous pour cet espace de préparation et allez rencontrer vos interlocuteurs

Les règles d'or lors des entretiens

  • laissez les autres s'exprimer totalement. Ils se sentiront mieux ensuite
  • accueillez leur discours, validez-le en le reformulant
  • prenez le temps de respirer avant de vous exprimer
  • répondez calmement

L'astuce supplémentaire : demandez à une personne de vous accompagner lors de l'entretien

Bernard ORTEGA

Bernard ORTEGA

Coach du top management

http://www.bernardortega.com