Catherine BarbonLes « experts », « ceux qui savent », autrement appelés les « sachants », les « seniors » ou les « expérimentés », ne sont pas toujours considérés à leur juste mesure par leurs collègues ou leurs responsables. Pour quels motifs ?

Ces derniers leur reprocheraient de ne pas être toujours transparents sur leur savoir-faire. Ils chercheraient coûte que coûte à se rendre incontournables. Pire, ils diffuseraient au compte-goutte cette richesse patiemment acquise au grès de l'expérience …

Il est vrai que, outre la maîtrise de leur « art », l'expérience leur a apporté les savoirs « implicites », c'est-à-dire les pratiques informelles et les règles non écrites d'une entreprise ou d'un secteur, souvent captées grâce à un réseau relationnel étoffé.

De toute évidence, leur expertise est précieuse, voire absolument indispensable quand elle relève du cœur de métier de l'entreprise.

Conscients de ce fait, il arrive que certains essaient d'en jouer : un tel s'octroiera ni vu ni connu des prérogatives quand tel autre revendiquera publiquement des velléités indépendantistes...! Tels « les sublimes » sous le second Empire, ces artisans très courtisés pour leur savoir-faire de haut niveau, ils « choisissent » en quelque sorte le patron avec qui ils souhaitent travailler et entendent garder la main sur la durée de leur engagement. Qui, dans pareilles situations, chercherait à agir autrement ?

Tout cela leur confère en effet un pouvoir indéniable qui peut susciter autour d'eux autant de réactions qu'il y a de couleurs dans l'arc en ciel : l'admiration, le respect, l'envie, la jalousie, l'humilité, la crainte, l'émulation, le découragement, l'espoir, …

Du temps du Roi Soleil, Nicolas Fouquet, ministre délégué des Finances, homme le plus expérimenté le plus habile et le plus raffiné de la cour (à qui l'on doit d'ailleurs le Château de Vaux-Le-Vicomte) portait ombrage au Souverain : ce dernier le fit emprisonner à vie pour crime de lèse-splendeur.

Bref, depuis toujours, les « divas », « seigneurs », ou « barons », avivent les passions : signe que les savoirs ou les qualités qu'ils incarnent méritent considération.

Une chronique du Gymnase du Management

 

 

 

Catherine Barbon

Catherine BARBON

Cofondateur du Gymnase du Management

www.gymnasedumanagement.com