Moins de 20 % des créations d’entreprise concernent des reprises d’entreprise à ce jour en France.
Parmi celles-ci, plus de 90% concernent des entreprises de petite taille (moins de 5 salariés) et plus de 60% ont une activité commerciale. Pour autant la reprise n’est pas une affaire à traiter à la légère : depuis la préparation du futur repreneur à la chasse de la « perle rare », un long chemin s’annonce.
De quoi faut-il se méfier ?
De soi avant tout !
L’ancien cadre supérieur possède des compétences avérées sur le plan commercial, marketing ou financier mais ne connait pas le « paysage » de l’entrepreneuriat à taille humaine… tandis que l’ancien salarié qui souhaite reprendre l’affaire dans laquelle il travaillait manque souvent de compétences pour bien jauger la pertinence de la reprise et améliorer l’activité. Un travail de fond est à entreprendre dans chaque cas pour « combler » ses manques avant de démarrer : cela passe par un temps de formation, d’accompagnement et d’immersion, rendu possible par exemple par un stage d’au moins 15 jours dans un milieu similaire et la mobilisation du DIF de chacun. La formation et l’accompagnement gagneront à ne pas être trop « condensés » sur quelques jours afin de faciliter et consolider les acquis.
De sa propre aptitude commerciale !
On le dit et on le répète : le chef d’entreprise est le 1er commercial de l’entreprise dans une TPE. Vous courrez à votre perte si tous vos espoirs reposent sur le seul dynamisme de l’équipe en place.
De son projet d’association !
Les joies des projets menés de front par plusieurs associés sont aussi nombreuses que les peines. De nombreuses cessations d’activité sont d’ailleurs la conséquence directe d’une mésentente entre associés. Etre clair sur le rôle de chacun, le pouvoir de décision, les motivations individuelles, l’apport personnel, le temps consacré, les modalités de rémunération : ces points doivent être discutés le plus en amont possible.
Des motifs de la cession !
Soyez un peu plus critique et cherchez à en savoir plus ! Bien souvent une histoire peut en cacher une autre… Alors lorsque vous entendrez « j’ai envie de changer de secteur… J’ai une formidable opportunité pour une autre affaire… » : Tirez votre alarme personnelle et menez l’investigation par tous les moyens ! Le chef d’entreprise a forcément un peu l’âme du détective… ou sait se montrer débrouillard… l’information est une denrée rare et chère de nos jours !
De l’estimation de l’affaire !
Cela va sans dire mais autant le préciser : tout se discute. Faites-vous épauler par un expert, demandez conseil aux consulaires, etc.
Des changements significatifs de l’environnement !
Oh la belle affaire dans ce joli quartier … Attention vous arrivez de la capitale ou d’une ville voisine mais vous ne connaissez pas tous les projets qui concernent ce beau quartier. Evidemment les travaux envisagés pour le parking souterrain sont une formidable opportunité pour augmenter le trafic commercial de la zone ... après la fin des travaux dans 2 ou 3 ans ! D’ici là … Le déplacement de l’école, la suppression du passage piéton ici , le sens interdit par là, l’ouverture du supermarché encore, le développement de la rue adjacente (oui adjacente… cela ne veut pas dire le développement du trafic devant votre entreprise)…, l’implantation du concurrent, le développement de la franchise : tout cela représente des facteurs de risques (et d’opportunités) à ne pas sous –estimer. Vous ne pourrez pas tout appréhender mais grâce au bouche à oreille (ce qui suppose de tisser des liens dans le secteur), au service d’urbanisme, aux informations disponibles auprès des chambres consulaires : vous devriez pouvoir mesurer plus précisément ces facteurs. Faut-il encore chercher à en savoir plus et prendre le temps.
De l’équipe en place !
Une petite entreprise fonctionne bien grâce à son équipe : chacun est le composant d’un tout et la redistribution des rôles peut enrayer la machine … Raison de plus pour prendre le temps de discuter avec les différents membres de l’équipe : c’est aussi une formidable opportunité de mieux cerner le projet. Cela vous évitera également de découvrir que la pièce maîtresse du puzzle aurait aimé reprendre l’activité mais n’en a pas eu les moyens, justifiant ainsi un départ dans la frustration… On ne veut pas vous laisser discuter avec l’équipe ? Alerte !
Des professionnels entourant la cession …
Rappel important : il est indispensable que les 2 parties prennent un notaire différent pour la cession (le coût des frais notariaux ne varient pas pour autant). Idem pour tous les autres conseils nécessaires au montage, même si cela doit vous coûter car il n’y a aucune économie à réaliser sur ce poste… si vous ne voulez pas risquer de vous retrouver pris au piège. Je me souviens bien d’une jeune femme qui a fait une confiance aveugle à sa tante et son notaire pour formaliser la reprise du commerce : cela lui a valu de payer le prix fort… Le sentiment qui en résulte entrave gravement l’efficacité et la motivation du repreneur : tout le démarrage de l’activité se trouve mis à mal. Plusieurs avis valant mieux qu’un : ils vous permettront également d’identifier la forme de reprise juridique la plus adéquate.
Triste portrait pensez-vous ?
Absolument pas. D’ailleurs la reprise d’entreprise est une formidable opportunité : la sécurité d’une activité qui a fait ses preuves, l’existence d’un fichier client, un emplacement connu, des partenaires identifiés…
En revanche le porteur de projet doit se mettre dans une position de diagnostic pour mettre à plat les atouts et freins existants et trouver des solutions ad hoc. Cela demande des compétences en gestion, commerce, marketing, management, sourcing… et une prise de recul supplémentaire, afin de ne pas poursuivre simplement l’activité sans l’améliorer.
Comme le dit le proverbe « Mieux vaut prévenir que guérir. »
Antonella VILAND
Fondatrice du centre d’accompagnement et de formation des entrepreneurs
Formation et accompagnement à distance pour les entrepreneurs
Plus d’informations sur www.Macreationdentreprise.fr