Les politiques de supplier diversity très répandues dans les pays anglo-saxons, peinent encore à être adoptées par les entreprises et organisations françaises. Le supplier diversity consiste principalement à intégrer, dans le recensement des fournisseurs, des entreprises détenues au minimum à 51% par des personnes potentiellement victimes de discrimination. Il participe en l’occurrence à l’inclusion des minorités visibles ou invisibles, à l’élargissement de l’assiette de ce que les anglo-saxons nomment stakeholders à des fournisseurs et des partenaires économiques issus de la diversité.
Pour Claude Bébéar, " l’entreprise est la « conjonction » du travail en commun des stakeholders". Il va plus loin : " Si les entreprises ne repensent pas leur modèle économique pour répondre à la fois aux besoins sociétaux et aux exigences de leurs actionnaires, alors elles échoueront".
Sous la stratégie des partenariats économiques diversifiés se cachent 3 enjeux importants :
+ business : l’entreprise a l’opportunité de développer de nouvelles relations avec des fournisseurs investis dans la diversité et de bénéficier du potentiel d’innovation. Elle est en capacité de proposer de nouveaux produits correspondant mieux aux attentes de différentes catégories de clients.
+ encrage territorial : Elle peut plus facilement s’implanter son territoire et bénéficier de toutes les compétences locales et de l’expérience des acteurs de la société qui vivent autour de l’entreprise. Elle est de ce fait mieux acceptée et mieux vécue sur le territoire.
+ image : L’entreprise démontre son engagement RSE, notamment en diversité, et améliore dans le même temps l’image de la fonction Achats en interne.
Intégrer ce nouveau paramètre dans sa stratégie est donc crucial pour l’entreprise, les actions sociétales étant devenues nécessaires pour le développement des affaires des entreprises et leur profitabilité.
Au Royaume-Uni, il existe des bases de données où sont référencés les fournisseurs certifiés, ce qui facilite le « sourcing » contrairement à l’Allemagne et à la France où l’entreprise privilégie une démarche de Responsabilité Sociétale qui s’appuie sur la notion d’achats responsables incluant le handicap, la réinsertion sociale, le développement durable.
La notion d'achats responsables telle que considérée par les entreprises pose problème, car elle n’intègre pas la problématique de l'accès des appels d’offres à de petites sociétés ou encore à l’ensemble des catégories de la diversité. Comme argument, la démarche du supplier diversity ne pourrait être dupliquée telle quelle dans le contexte français, en raison de freins légaux et culturels.
Il est pourtant possible de lancer une démarche « à la française » qui permettrait d’identifier les fournisseurs divers et les fournisseurs actifs en diversité, d’impliquer ses fournisseurs dans des démarches diversité, et même d’aller plus loin en incluant tout simplement des personnes ou des catégories de personnes potentiellement victimes de discrimination.
Aldo FOTSO
Business Angels & Consulting
www.africangels.org/