Hubert GentilsLe grand public a été sensibilisé au problème du stress au travail depuis sa forte médiatisation, suite aux vagues de suicides qui ont eu lieu dans plusieurs grandes entreprises françaises. En effet, si le stress chronique est une problématique individuelle, il est particulièrement stigmatisé dans le milieu professionnel, où de nombreux facteurs peuvent favoriser son apparition.

 

Qu’est-ce que le stress ?

Le stress est une réaction physiologique chez l’homme, mise en lumière par le scientifique Hans Selye dans les années 1950. C’est la réponse de l’organisme à une demande d’adaptation venant du milieu extérieur, d’où son nom « syndrome général d’adaptation ».

Le stress survient quand il y a un « déséquilibre perçu entre les contraintes imposées par l’environnement et ses ressources propres pour y faire face ». Par exemple : je n’ai pas assez de temps pour faire face à ma charge de travail.

Le stress au travail est très répandu et a beaucoup de conséquences : il toucherait 40 % des salariés français (1), et serait responsable de 50 % de l’absentéisme au travail (2).

Une réaction de stress est naturelle, car nous nous adaptons constamment à notre environnement. Le stress devient pathologique (« stress négatif ») lorsque les facteurs stressants (ou stresseurs) sont intenses et/ou répétés.

La réaction se déroule en 3 phases :

Gestion du stress


- Une phase d’alarme : elle mobilise immédiatement nos ressources pour faire face au facteur stressant, avec la libération d’hormones dont l’adrénaline. Cette phase nous amène à passer à l’action, naturellement soit le combat soit la fuite. Réaction fort utile lorsqu’il y a un danger physique immédiat, ce qui était le cas pour nos lointains ancêtres, elle est peu adaptée à notre contexte sociétal et professionnel actuel.

- Une phase de résistance, elle nous amène à produire de l’énergie pour résister au stresseur, grâce à d’autres hormones (dont la cortisone). C’est dans cette partie haute de la courbe où nous sommes à notre niveau de « stress optimal ». Lorsque nous ressentons ce « stress positif », nous sommes motivés, créatifs, et prenons du plaisir dans ce que nous faisons. Ce niveau de « stress optimal » est différent selon chacun, selon son vécu, sa santé.

- Une phase d’épuisement : lorsque le stress dure trop longtemps ou est trop intense. Cette phase de « stress négatif »  favorise l’apparition de maladies, dont le burn out (syndrome d’épuisement professionnel) ou les troubles musculo-squelettiques.

Quels sont les facteurs de stress ?

Un état de stress chronique apparaît par l’accumulation de situations perçues comme stressantes par l’individu, dans sa vie personnelle et professionnelle.
Dans notre vie personnelle, ces facteurs peuvent être : des ennuis relationnels (de couple, avec ses enfants), des tracas financiers, une maladie, la peur de perdre ce que nous avons…
Les facteurs de stress professionnels sont nombreux. En voici quelques uns : les relations interpersonnelles (avec son patron, ses collègues) ; une pression de plus en plus forte, avec une course à la productivité et à la performance ; les changements incessants et les incertitudes pesant sur l’entreprise…

Quels sont les moyens de gérer individuellement son stress ?

La résistance au stress est différente selon chacun, et éminemment subjective. Epictète disait :
« Ce ne sont pas les événements qui perturbent les hommes, c’est l’idée qu’ils s’en font ».

Il y a plusieurs moyens de gérer stress au travail. C’est de la prévention dite secondaire.

Le premier est d’agir sur le stresseur directement. Si par exemple j’ai une surcharge ponctuelle de travail, je vais décortiquer la situation élément par élément (temps nécessaire pour effectuer la tache, urgence, importance, qui peut m’aider…) et ensuite trouver les leviers sur lesquels il m’est possible d’agir. Cette mise en action, cette recherche de solutions, de moyens et de soutien social va limiter les effets négatifs du stresseur sur moi. 

Le deuxième moyen est d’agir directement sur soi, c'est-à-dire gérer les pensées, les émotions et les comportements qui peuvent nous perturber au quotidien, et qui à force engendrent mal être et stress chronique.

Nos réactions psychologiques et comportementales sont conditionnées par nos représentations du monde, notre histoire personnelle, notre éducation etc. Est ce que je vois le verre à moitié vide ou à moitié plein ? Est-ce que je me permets d’exprimer mes émotions ? C’est un travail de découverte de soi-même, de prise de conscience progressive de comment nous fonctionnons. Il peut nécessiter une aide extérieure, par exemple à l’aide de formations ou d’une thérapie. Ce cheminement nous permet de nous assouplir, de retrouver confiance en nous, d’être affirmé dans nos relations aux autres au quotidien.

Quel est le rôle de l'entreprise dans la prévention et la prise en charge du stress ?

Le stress coûte cher à l’entreprise : absentéisme, turn over élevé…qui se transforment en perte de productivité. L’intérêt de l’employeur est de mettre en place des mesures de prévention du stress dans son organisation, d’autant plus qu’il a obligation légale de résultat pour préserver la santé et la sécurité de ses salariés.

Pour cela, une démarche de prévention peut être mise en place. Pour qu’elle soit efficace, elle doit être participative : implication de tous les acteurs concernés de l’entreprise, implication d’acteurs externes : médecine du travail, CRAM, ANACT… Cette démarche globale de prévention des risques psychosociaux, formalisée notamment par l’INRS, est une approche collective et globale, dite de prévention primaire, efficace dans le temps car elle réduit les risques à sa source. A noter que lors d’événements graves (suicides, harcèlement…) dans une structure professionnelle, une prise en charge immédiate des salariés victimes ou concernés par l’événement, est préconisée, par des professionnels de l’écoute.

L’investissement dans de tels programmes de prévention du stress a certes un coût pour l’entreprise, mais selon l’INRS, celui-ci est amorti sur une durée d’à peu près un an.

La mise en place de ces mesures devrait permettre à toute personne d’évoluer plus sereinement dans son travail. Cela permettrait aussi que cette problématique du stress en France ne soit plus posée en termes de « gestion du stress au travail », qui implique que celui-ci est déjà installé, mais qu’il soit pris en compte suffisamment tôt par tous les acteurs pour parler de « bien être au travail ».
(1) enquête anact/csa avril 2009
(2) étude european agency for safety and health at work, octobre 2009



Hubert GentilsHubert GENTILS
Gestion du stress et relaxation en milieu professionnel (formations, conférences)
Thérapeute en soins corporels et  énergétiques
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