Gilbert MELLINGER

Le franchisé, commerçant indépendant, est un mythe, un leurre, un mensonge, cher aux avocats. Dès l’instant qu’il intègre un réseau, le franchisé perd, de fait, l’essentiel de son indépendance ! La caractéristique de l’indépendance n’est pas l’inscription à un registre du commerce ou tout autre fiction juridique. Elle est la liberté à faire ses choix en toute autonomie, dans tous les domaines. Qu’en est-il de cette liberté dans la franchise ?

 

 

Dès qu’il est « entré en franchise », le commerçant ne choisit plus seul son concept architectural, il ne choisit plus seul ses gammes de produits, il ne décide plus seul de ses campagnes de promotion et de communication, il ne choisit plus seul son système de gestion de caisse, il ne fixe pas seul ses prix (?!), il ne fixe plus seul ses besoins en formation, il ne décide plus seul des règles de management et de gestion. Il ne choisit même plus seul son nom !

Dès qu’il est « entré en franchise », le commerçant est suivi, encadré et formé. Il entre dans un moule qui le prive de la plus grande partie de son indépendance

Or, c’est précisément ce moule qui constitue la double raison d’être de la franchise : l’initiation, en peu de temps, au savoir spécifique du franchiseur et une offre et une apparence homogènes dans lesquelles le client final retrouve tous ses points de repère.

 

La perte d’indépendance du franchisé ?

 

Elle est autorisée voire imposée par le règlement intercommunautaire 408788 du 30 novembre 1988. « La franchise doit comprendre au moins les obligations suivantes : l’utilisation d’un nom et d’une enseigne communs et une présentation uniforme des locaux… la communication par le franchiseur au franchisé d’un savoir faire et la fourniture continue …d’une assistance commerciale ou technique… ».

Le corollaire de ces obligations : la possibilité et l’obligation pour le franchiseur d’imposer au franchisé tout ce qui est constitutif du concept. Et pour le franchisé, la (presque) seule liberté qui lui reste, avant de signer : le droit de choisir de renoncer à son indépendance.

 

La bonne nouvelle pour le franchisé ?

 

Il augmente ses chances de succès et réduit son risque d’échec.

Dans les « bons » réseaux, les méthodes de travail sont éprouvées, le franchisé est formé et pris en charge par les équipes du franchiseur, il bénéficie de la force du réseau qui alimente en permanence une notoriété déjà existante. …. Avant de se décider, il peut contacter d’autres membres du réseau, parler avec eux.  Il connaît d’avance son propre niveau probable de réussite : il est rare de voir un franchisé qui met en œuvre fidèlement le concept dévier fortement par rapport aux autres membres du réseau.

Enfin et surtout il fait partie d’un réseau, ensemble homogène constitué de professionnels qui ont les mêmes objectifs, les mêmes préoccupations que lui. Cette participation au réseau est une force incomparable : elle lui permet de communiquer avec d’autres en toute confiance et de sortir de l’isolement dans lequel se perdent souvent les commerçants « indépendants » qui n’ont d’autres partenaires qu’eux-–mêmes.

En vérité, l’indépendance en franchise est un vrai « faux problème ». Le franchisé, il doit le savoir, l’admettre et s’en réjouir, perd son indépendance en intégrant un réseau de franchise.

La vraie question, que chaque franchisé doit se poser avant de signer son contrat, n’est donc pas de savoir s’il est un commerçant indépendant, mais s’il est-il prêt, en échange de l’accès à tous les bénéfices de l’appartenance à un réseau, à renoncer à cette indépendance ?


Provoquer la réflexion de futur franchisé sur cette question est une mission fondamentale du franchiseur lors du processus de recherche et de recrutement. Est-il capable de se rallier à des choix collectifs qui ne sont peut-être pas les siens ?

Trop souvent cette question est éludée, oubliée. Franchisés, pour vous elle est fondamentale : prenez le temps qu’il faut pour y répondre avant de signer… après il est trop tard.