Patrice Klug

 

Pour une PME qui souhaite se développer dans le contexte actuel difficile, la meilleure solution consiste à associer plusieurs financements possibles. Mais, obtenir et choisir parmi les multiples possibilités de financements, aux conditions et coûts variés, reste délicat. Cela suppose une bonne connaissance des différents mécanismes de financement privés et publics. Revue des possibles.

 

 

 

Selon le baromètre de la CGPME-KPMG, du 18 juin dernier, 3 patrons sur 4 constatent au moins une mesure de durcissement de leurs conditions de financement ! Ce chiffre met en exergue, dans le contexte de changement structurel de l’économie actuelle, la difficulté pour les PME françaises de trouver les sommes nécessaires à leur développement.

Pourtant, il y a beaucoup d’argent disponible pour les PME … à condition de savoir où aller le chercher !

 

90% des entreprises ont les capacités de leur financement. Il faut simplement le planifier et le sélectionner au bon moment.

 

Souvent pressées par l’urgence, les entreprises mésestiment leurs possibilités par manque d’analyse de leurs forces et par méconnaissance de l’étendue des mécanismes de financement. Régulièrement, les sociétés étudient peu de sources de financement et pas toujours les plus adaptées à leur contexte socio-économique. Ainsi, cette société exportatrice qui va demander 200.000 euros d’avance remboursables à la Coface alors-même qu’elle pourrait en obtenir 700.000 ; ou ce laboratoire d’analyses qui effectue une levée de fonds alors qu’un crédit bancaire lui aurait couté beaucoup moins cher. Ces exemples, authentiques, mais courants, démontrent l’importance de respecter certaines règles. Ils mettent également l’accent sur la nécessité de se faire accompagner pour bien financer son développement.

 

Trois règles à suivre 

 

La première règle consiste à anticiper ses besoins et préparer son financement. « On ne prête qu’aux riches !». Ce n’est jamais dans l’urgence qu’on peut trouver le bon montage financier, a fortiori quand la réalisation des dossiers peut prendre des mois !

La seconde règle impose de bien analyser et connaitre les moyens de financement accessibles à sa société. Pour réaliser une étude de financement l’idéal est d’établir une analyse financière et un business plan sur 2 à 5 ans. L’objectif avoué : estimer la valeur, les faiblesses de l’entreprise et les convertir en forces d’attraction afin d’améliorer la capacité de financement.

La dernière règle à suivre demande de bien évaluer sa capacité de financement pour être en mesure de choisir le meilleur compromis. Trouver le bon dosage, c’est souvent cumuler plusieurs types de financements, qui non seulement s’additionnent, mais se démultiplient. L’accès à l’un d‘eux, favorise, voire conditionne les autres. Il devient alors possible d’associer de façon optimale des financements privés et publics, aux coûts et aux conditions variées. Charge à chaque société, en fonction de son contexte et de sa réalité économique, de trouver la solution idoine, c’est-à-dire celle qui présente le meilleur équilibre entre bénéfices et risques, entre long terme et court terme, entre besoin de garanties ou non. Dès lors, subventions, dette ou capital, la recherche de la solution reste inféodée au besoin réel.

L’entrepreneur doit bien calibrer ses demandes. Surtout, il faut s’assurer au préalable que la demande est faisable, acceptable, que le moment est le bon, que le montant est en adéquation avec la capacité et le besoin. Il faut présenter des dossiers de qualité auprès des investisseurs. 

Parmi toutes les voies possibles, l’investissement en capital est celui qui est le plus intéressant pour une société qui a besoin de lever des fonds sur le long terme, mais c’est aussi le plus coûteux : le rendement espéré par les fonds est généralement de 15 à 25% par an. Il existe une centaine de fonds qui investissent en France. Privilégier cette voie suppose que le dirigeant accepte qu’un partenaire rentre au capital, ce qui est source de nouvelles contraintes, notamment en termes de liberté, mais intéressant s’il souhaite être accompagné d’un associé financier. L’entreprise peut également opter pour des obligations convertibles, moins coûteuses (entre 8 et 18%) car remboursées avant le capital, mais plus adaptées à un besoin sur le moyen terme.

Le financement bancaire, en comparaison est moins cher, (entre 3 et 4% par an) : il nécessite néanmoins des garanties, un cash-flow à court terme et suppose un remboursement tous les ans. Toutefois, du fait de leur manque de capitaux propres et des nouvelles contraintes règlementaires, les banques ont de plus en plus de difficultés à financer les PME. Enfin, les financements sur actifs, comme le leasing, la location financière ou le financement sur compte clients, ont un coût complet relativement faible, de l’ordre de 5%, mais cette solution suppose d’avoir des actifs en garantie et ils doivent être renouvelés car ce sont des financements court ou moyen terme.

Parmi les financements publics possibles, il est parfois envisageable de recourir au crédit d’impôt recherche, export,… . Cependant, il convient d’optimiser le dossier au mieux selon son secteur, son activité et sa réalité économique, ce qui peut s’avérer un jeu délicat et subtil…. De la même façon, apprendre à se repérer parmi les nombreux financements proposés par OSEO demande une certaine habitude. Ainsi, le contrat de développement participatif, limité à 3 millions d’euros, remboursables à partir de la troisième année sans garantie, en complément d’une dette ou d’une augmentation de capital, n’est pas forcément connu par tous….

Dès lors, s’appuyer sur un intermédiaire qui maîtrise tous les dispositifs privés et publics permettra d’utiliser les bons leviers, au bon moment. Une société qui souhaite poursuivre son développement à l’export, réalisant déjà plus de 5% de son chiffre d’affaires à l’international, peut, par exemple, solliciter des avances Coface remboursables. Une société innovante sera, elle, éligible au crédit impôt recherche, voire à une solution parmi les dizaines de subventions possibles pour la R&D, comme les financements européens Eurêka.

Les entrepreneurs ont leur code et leur langue. Les banquiers et autres organismes de financement ont d’autres codes et parlent un autre langage. Chaque partie a besoin d’un tiers qui comprend leurs demandes, leurs besoins, leurs contraintes et un travail d’approfondissement. MK Finance, conseil en fusions et acquisitions est aussi une interface entre les entrepreneurs et les organismes de financement.

Enfin, un dernier financement, souvent négligé reste envisageable : l’investissement au capital par les salariés par l’intermédiaire du PEE existant, des plans d’intéressements ou de participations, abondés ou non.

Faire de ses salariés des actionnaires peut devenir très utile d’un point de vue managérial en permettant de mobiliser toute l’entreprise autour d’un projet commun. Dans une période où les français se posent la question du sens dans leur travail, ce financement a de nombreux avantages…

 

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